La conduite autonome représente l'une des plus grandes révolutions technologiques de notre époque. À l'avant-garde de cette transformation, Tesla s'impose comme un pionnier avec son système Autopilot, repoussant constamment les limites de ce qui est possible sur nos routes. Cette technologie ne se contente pas d'assister les conducteurs – elle redéfinit fondamentalement notre relation avec l'automobile. Depuis ses premiers pas en 2014, l'Autopilot a connu une évolution fulgurante, intégrant des capacités de perception et d'analyse qui étaient inimaginables il y a seulement quelques années. L'intelligence artificielle, les réseaux de neurones profonds et les capteurs sophistiqués se conjuguent pour créer une expérience de conduite qui s'approche progressivement de l'autonomie complète.
Au-delà de la prouesse technique, l'Autopilot de Tesla soulève des questions essentielles sur la sécurité routière, la réglementation et notre adaptation psychologique à ces nouvelles formes de mobilité. Alors que les voitures équipées de cette technologie parcourent des millions de kilomètres quotidiennement, elles accumulent des données précieuses qui servent à perfectionner continuellement le système. Cette approche basée sur l'apprentissage à grande échelle distingue Tesla des autres acteurs du secteur et explique en partie l'avance considérable dont bénéficie la marque en matière de conduite assistée.
L'évolution de l'autopilot tesla : du hardware 1.0 au full Self-Driving
L'histoire de l'Autopilot Tesla débute véritablement en 2014, lorsque les premiers véhicules équipés du Hardware 1.0 (HW1) ont été commercialisés. Cette première génération, développée en partenariat avec Mobileye, était relativement basique comparée aux standards actuels. Elle permettait principalement le maintien dans la voie sur autoroute et l'adaptation automatique de la vitesse grâce à un régulateur adaptatif. Le système reposait sur une unique caméra frontale monoculaire, un radar et des capteurs ultrasoniques pour percevoir l'environnement du véhicule.
En octobre 2016, Tesla franchit un cap décisif avec l'introduction du Hardware 2.0 (HW2), marquant la fin de sa collaboration avec Mobileye et le début du développement entièrement interne de son système d'assistance à la conduite. Cette nouvelle génération intégrait huit caméras offrant une vision à 360° autour du véhicule, douze capteurs ultrasoniques améliorés et un radar frontal plus performant. Le matériel HW2 a été conçu spécifiquement pour supporter les futures capacités de conduite entièrement autonome, bien que les logiciels nécessaires n'étaient pas encore disponibles.
Le Hardware 2.5 (HW2.5) apparaît en août 2017 comme une évolution intermédiaire. Sans modifier fondamentalement l'architecture des capteurs, cette mise à jour apporte une puissance de calcul supplémentaire et intègre une redondance dans certains systèmes critiques pour améliorer la fiabilité. Cette version marque également l'introduction des premières fonctionnalités avancées comme le "Navigate on Autopilot", permettant au véhicule de suggérer et d'effectuer des changements de voie sur autoroute et de prendre automatiquement les sorties appropriées.
L'approche de Tesla en matière de conduite autonome se distingue par sa volonté de privilégier l'apprentissage par l'expérience plutôt que par la programmation explicite. Chaque kilomètre parcouru par une Tesla contribue à l'amélioration collective du système, créant un cercle vertueux d'apprentissage continu.
En avril 2019, Tesla dévoile le Hardware 3.0 (HW3), marquant une étape cruciale avec l'introduction d'une puce de traitement dédiée à l'intelligence artificielle, conçue entièrement en interne. Cette puce, environ 21 fois plus puissante que son prédécesseur, permet de traiter jusqu'à 2300 images par seconde, offrant ainsi les capacités de calcul nécessaires pour les fonctionnalités de conduite autonome les plus avancées. Ce composant, désormais appelé Full Self-Driving Computer (ordinateur FSD), représente la pierre angulaire de la stratégie d'autonomie de Tesla.
L'année 2020 voit le déploiement des premières versions bêta du logiciel Full Self-Driving (FSD) auprès d'un groupe restreint d'utilisateurs aux États-Unis. Ce programme expérimental étend les capacités de l'Autopilot au-delà des autoroutes, permettant la navigation autonome sur des routes secondaires et en environnement urbain. Contrairement à l'Autopilot standard qui se limite principalement aux voies rapides, le FSD peut théoriquement gérer les intersections, les ronds-points et les feux de signalisation, bien que sous la supervision constante du conducteur.
En 2021, Tesla opère un changement radical dans son approche technique en abandonnant le radar sur ses nouveaux véhicules au profit d'un système baptisé "Tesla Vision", reposant exclusivement sur les caméras et l'intelligence artificielle pour l'analyse de l'environnement. Cette décision, controversée parmi les experts du secteur, illustre la confiance de Tesla dans ses algorithmes de vision par ordinateur et sa volonté de simplifier l'architecture matérielle de ses systèmes d'assistance à la conduite.
Architecture technique et fonctionnement du système autopilot
L'architecture technique de l'Autopilot Tesla se distingue par son approche intégrée combinant matériel sophistiqué et logiciels avancés. Contrairement à de nombreux concurrents qui privilégient le LIDAR (Light Detection And Ranging), Tesla a fait le choix stratégique de s'appuyer principalement sur un réseau de caméras couplé à des algorithmes d'intelligence artificielle. Cette décision technique, souvent qualifiée d'audacieuse, repose sur la conviction que les systèmes de vision par ordinateur peuvent atteindre et même dépasser les capacités perceptives humaines lorsqu'ils sont correctement entraînés.
Le réseau de caméras neural net et la reconnaissance d'objets
Au cœur du système Autopilot se trouve un réseau de huit caméras stratégiquement positionnées autour du véhicule, offrant une couverture visuelle à 360 degrés. Trois caméras sont orientées vers l'avant avec des champs de vision complémentaires : une caméra principale à champ moyen (50°) capable de voir jusqu'à 150 mètres, une caméra à champ étroit (35°) pour la détection à longue distance jusqu'à 250 mètres, et une caméra grand-angle (120°) couvrant 60 mètres pour les objets proches. Ce dispositif est complété par quatre caméras latérales – deux orientées vers l'avant et deux vers l'arrière – ainsi qu'une caméra de recul.
Les flux vidéo capturés par ces caméras sont traités en temps réel par des réseaux neuronaux convolutifs (CNN) qui transforment ces données visuelles brutes en compréhension de haut niveau de l'environnement. Ces réseaux sont capables d'identifier avec précision une multitude d'objets pertinents pour la conduite : véhicules, piétons, cyclistes, panneaux de signalisation, feux tricolores, marquages au sol et obstacles divers. L'une des prouesses techniques de Tesla réside dans sa capacité à entraîner ces réseaux neuronaux sur des volumes massifs de données réelles collectées par sa flotte de véhicules en circulation.
Radar, capteurs ultrasoniques et fusion de données sensorielles
Jusqu'en 2021, l'Autopilot complétait son système de vision par un radar frontal capable de détecter des objets jusqu'à 160 mètres de distance, même dans des conditions de visibilité réduite comme le brouillard ou la pluie intense. Ce radar fonctionnait sur le principe de l'effet Doppler, mesurant avec précision la vitesse relative des objets en mouvement. La fusion des données entre caméras et radar permettait d'obtenir une perception plus robuste, chaque technologie compensant les faiblesses de l'autre.
Le système était également équipé de douze capteurs ultrasoniques répartis autour du véhicule, fournissant des informations de proximité dans un rayon d'environ huit mètres. Ces capteurs jouaient un rôle crucial pour les manœuvres à basse vitesse, comme le stationnement automatique ou la fonction Summon (convocation) permettant au véhicule de se déplacer sans conducteur sur de courtes distances. Toutefois, depuis fin 2022, Tesla a progressivement éliminé ces capteurs ultrasoniques de ses nouveaux véhicules, confiant également ces tâches de proximité à son système de vision par caméras.
La fusion des données sensorielles est gérée par des algorithmes sophistiqués qui combinent les informations provenant des différentes sources pour construire une représentation cohérente et précise de l'environnement. Cette approche multi-capteurs permettait traditionnellement d'atteindre un niveau de fiabilité supérieur à celui d'un système reposant sur une seule technologie. Le passage récent à "Tesla Vision" marque cependant un tournant dans cette philosophie, Tesla étant désormais convaincu que ses algorithmes de vision sont suffisamment matures pour se passer des données complémentaires du radar.
L'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique dans le système tesla vision
Le système Tesla Vision représente l'aboutissement de plusieurs années de recherche en intelligence artificielle appliquée à la conduite autonome. Plutôt que de s'appuyer sur des règles préprogrammées pour chaque situation de conduite possible, Tesla privilégie une approche basée sur l'apprentissage profond (deep learning). Les réseaux neuronaux qui sous-tendent Tesla Vision sont entraînés sur des millions d'heures de conduite réelle, leur permettant d'apprendre par l'exemple plutôt que par instruction explicite.
Cette méthode d'apprentissage supervisé utilise des données annotées pour enseigner au système à reconnaître correctement les éléments pertinents de son environnement. Par exemple, pour apprendre à identifier un piéton, le réseau neuronal est exposé à des millions d'images de piétons dans diverses conditions (jour, nuit, pluie, différentes tenues vestimentaires, etc.), chacune étant correctement étiquetée. Au fil du temps, le réseau apprend à généraliser ces exemples pour reconnaître des piétons même dans des situations qu'il n'a jamais rencontrées auparavant.
Une particularité de l'approche Tesla réside dans sa capacité à exploiter sa flotte de véhicules pour collecter des données en situation réelle. Lorsqu'un conducteur Tesla désactive l'Autopilot pour prendre le contrôle manuel dans une situation complexe, le système enregistre cette "désactivation d'intervention" et les données associées peuvent être transmises aux serveurs Tesla pour analyse. Cette méthode, souvent qualifiée de "shadow mode" (mode fantôme), permet à Tesla d'identifier les scénarios problématiques et d'améliorer continuellement ses algorithmes sans mettre en danger ses utilisateurs.
Le processeur FSD et la puissance de calcul embarquée
Le cœur computationnel de l'Autopilot moderne est le processeur Full Self-Driving (FSD), une puce dédiée à l'intelligence artificielle conçue entièrement par Tesla. Introduit avec le Hardware 3.0 en 2019, ce processeur ASIC (Application-Specific Integrated Circuit) a été développé spécifiquement pour les besoins de la conduite autonome, offrant une efficacité énergétique et des performances optimisées pour les opérations de réseaux neuronaux.
Cette puce peut exécuter jusqu'à 36 billions d'opérations par seconde, une puissance de calcul considérable nécessaire pour traiter simultanément les flux de données des huit caméras et exécuter les modèles d'IA en temps réel. Pour garantir la sécurité, l'architecture du processeur FSD intègre une redondance complète : deux puces identiques fonctionnent en parallèle et comparent leurs résultats, permettant de détecter et de corriger d'éventuelles erreurs de calcul.
La conception du processeur FSD illustre l'approche verticalement intégrée de Tesla, qui préfère développer ses composants critiques en interne plutôt que de s'appuyer sur des solutions génériques du marché. Cette stratégie permet à l'entreprise d'optimiser précisément ses puces pour les algorithmes qu'elle utilise, maximisant ainsi les performances tout en minimisant la consommation d'énergie – un facteur crucial pour les véhicules électriques où chaque watt compte.
Génération Hardware | Année d'introduction | Processeur principal | Performance (TOPS) | Caractéristiques notables |
---|---|---|---|---|
HW1 | 2014 | Mobileye EyeQ3 | 0,26 | 1 caméra, radar, 12 capteurs ultrasoniques |
HW2 | 2016 | NVIDIA Drive PX2 | 8 | 8 caméras, radar amélioré, 12 capteurs ultrasoniques |
HW2.5 | 2017 | NVIDIA Drive PX2 modifié | 12 | Ajout de redondance et amélioration de la fiabilité |
HW3 | 2019 | Tesla FSD Chip | 36 | Processeur IA dédié conçu par Tesla, architecture redondante |
Fonctionnalités actuelles de l'autopilot et de la conduite autonome tesla
L'offre Tesla en matière d'assistance à la conduite se décline en trois niveaux distincts de fonctionnalités, chacun apportant un degré croissant d'automatisation. Ces différents paliers permettent aux utilisateurs de choisir le niveau d'assistance qui correspond le mieux à leurs besoins et à leur budget, tout en offrant une voie d'évolution progressive vers des capacités plus avancées.
Différ
Différences entre autopilot standard, enhanced autopilot et FSD
L'offre d'assistance à la conduite de Tesla se structure en trois niveaux distincts, chacun proposant des fonctionnalités progressivement plus avancées. L'Autopilot standard constitue le niveau de base, désormais inclus sur tous les véhicules Tesla sans supplément. Il comprend deux fonctions essentielles : le régulateur de vitesse adaptatif (Traffic-Aware Cruise Control) qui ajuste automatiquement la vitesse du véhicule pour maintenir une distance de sécurité avec le véhicule qui précède, et l'Autosteer (assistance au maintien de voie) qui aide à maintenir le véhicule centré dans sa voie sur les routes à accès limité comme les autoroutes.
L'Enhanced Autopilot (Autopilot amélioré) représente le niveau intermédiaire, disponible en option payante. Il enrichit l'expérience de conduite en ajoutant quatre fonctionnalités supplémentaires majeures : le changement de voie automatique qui permet au véhicule de changer de voie sur autoroute après activation du clignotant, la Navigation sur Autopilot qui guide le véhicule de la bretelle d'entrée à la sortie d'autoroute en suggérant et exécutant les changements de voie, le Smart Summon qui permet de "convoquer" la voiture depuis une place de stationnement vers votre position via l'application smartphone, et l'Auto Park qui facilite les manœuvres de stationnement en créneau ou en bataille.
Au sommet de cette pyramide se trouve le Full Self-Driving (FSD) ou "Capacité de conduite entièrement autonome" en français. Cette option premium inclut toutes les fonctionnalités des niveaux précédents et y ajoute des capacités avancées comme la reconnaissance et le respect des feux de circulation et des panneaux stop, ainsi que la capacité à naviguer sur des routes urbaines complexes. Il est important de souligner que malgré son nom ambitieux, le FSD ne correspond pas encore à une autonomie complète (niveau 5 SAE) et nécessite toujours l'attention constante du conducteur. En Europe, certaines fonctionnalités du FSD restent limitées par la réglementation en vigueur.
Navigation sur autopilot et changements de voie automatisés
La Navigation sur Autopilot (NoA) représente l'une des fonctionnalités les plus sophistiquées disponibles dans les packages Enhanced Autopilot et FSD. Cette technologie permet à la voiture de naviguer de manière semi-autonome sur les autoroutes, depuis la bretelle d'entrée jusqu'à la sortie appropriée, en suivant l'itinéraire programmé dans le système de navigation. Contrairement à l'Autopilot standard qui maintient simplement la voiture dans sa voie, NoA peut suggérer et exécuter des changements de voie pour dépasser des véhicules plus lents, se préparer aux sorties d'autoroute ou éviter de rester dans les voies de dépassement lorsque ce n'est pas nécessaire.
Le système de changement de voie automatisé a connu plusieurs évolutions significatives depuis son introduction. Dans ses premières versions, il nécessitait une confirmation explicite du conducteur pour chaque manœuvre, via l'activation du clignotant. Les versions plus récentes offrent un mode plus autonome où le véhicule peut initier et exécuter des changements de voie après une simple confirmation sur le volant, voire de manière entièrement automatique dans certaines régions où la réglementation le permet. Cette capacité repose sur une analyse complexe de l'environnement, vérifiant simultanément la présence de véhicules dans l'angle mort, évaluant les vitesses relatives et anticipant le comportement des autres usagers.
Les performances du système varient sensiblement selon les conditions de circulation et l'environnement. Dans des conditions optimales – trafic fluide, marquage au sol bien visible, bonnes conditions météorologiques – la Navigation sur Autopilot démontre une fluidité impressionnante. En revanche, dans des situations plus complexes comme un trafic dense ou des zones de travaux, le système peut se montrer plus hésitant ou transférer le contrôle au conducteur. Cette fonctionnalité illustre parfaitement l'approche progressive de Tesla : initialement conservative pour des raisons de sécurité, elle gagne en assurance et en capacités à mesure que l'IA s'améliore grâce aux données collectées.
Smart summon et la fonctionnalité de stationnement automatique
La fonctionnalité Smart Summon (Convocation intelligente) représente l'une des démonstrations les plus spectaculaires des capacités autonomes des véhicules Tesla. Introduite en 2019 dans le cadre de l'Autopilot amélioré, cette technologie permet au propriétaire de "convoquer" son véhicule garé à distance, dans un rayon d'environ 60 mètres. À l'aide de l'application mobile Tesla, l'utilisateur peut faire venir sa voiture jusqu'à sa position actuelle ou vers un point désigné, le véhicule naviguant de manière autonome à travers le parking à basse vitesse (généralement inférieure à 8 km/h).
Pour accomplir cette manœuvre complexe, Smart Summon mobilise l'ensemble des capteurs du véhicule pour créer une carte détaillée de son environnement immédiat. Le système identifie les obstacles statiques comme les places de stationnement, les poteaux ou les murs, mais aussi les éléments dynamiques tels que les piétons ou d'autres véhicules en mouvement. La voiture planifie ensuite un itinéraire sécurisé jusqu'à la destination, en s'arrêtant si nécessaire pour céder le passage. Cette fonctionnalité est particulièrement utile dans des situations quotidiennes comme récupérer son véhicule sous la pluie ou déplacer une voiture garée dans un espace étroit sans avoir à y manœuvrer physiquement.
Le stationnement automatique (Autopark) constitue l'autre versant des capacités de manœuvre autonome à basse vitesse. Lorsque le véhicule détecte une place de stationnement appropriée (en créneau ou en bataille), une notification apparaît sur l'écran central proposant d'activer Autopark. Une fois engagé, le système prend le contrôle de la direction, de l'accélération et du freinage pour exécuter la manœuvre avec précision. Contrairement à certains systèmes concurrents qui nécessitent de passer devant la place pour l'identifier, la technologie Tesla peut repérer des places de stationnement potentielles simplement en les longeant, grâce à ses capteurs latéraux. Si ces fonctionnalités impressionnent par leur aspect futuriste, elles illustrent également les défis que représente l'autonomie complète : des environnements apparemment simples comme un parking peuvent présenter une infinité de variables et de scénarios imprévisibles.
Reconnaissance des feux de signalisation et des panneaux de circulation
La capacité à reconnaître et à interpréter correctement les feux de signalisation et les panneaux de circulation représente une étape cruciale vers l'autonomie complète des véhicules. Intégrée initialement dans le package Full Self-Driving (FSD), cette fonctionnalité permet aux Tesla équipées de réagir de manière appropriée aux infrastructures routières réglementaires sans intervention humaine. Le système utilise principalement les caméras frontales pour détecter les feux tricolores, les panneaux stop et autres signalisations routières, puis analyse ces informations en temps réel pour déterminer l'action appropriée.
Pour les feux de circulation, le système est capable de distinguer les différentes couleurs (rouge, orange, vert) mais aussi les configurations plus complexes comme les flèches directionnelles ou les feux spécifiques pour certaines voies. Lorsqu'un feu rouge est détecté, le véhicule ralentit progressivement jusqu'à l'arrêt complet à la ligne d'arrêt appropriée. La détection de panneaux stop fonctionne sur un principe similaire, avec un arrêt obligatoire suivi d'une vérification des priorités avant de redémarrer. Cette technologie s'appuie sur un apprentissage approfondi réalisé à partir de millions d'exemples de feux et de panneaux dans divers contextes (différentes luminosités, angles, conditions météorologiques).
L'implémentation de cette fonctionnalité a d'abord été déployée en mode "confirmation uniquement", nécessitant que le conducteur valide l'analyse du système en appuyant sur l'accélérateur pour franchir un feu vert par exemple. Cette approche prudente a permis à Tesla de collecter des données sur la fiabilité de la détection avant de passer à une automatisation plus complète. Aujourd'hui, dans les régions où la réglementation le permet, le système peut gérer les intersections de manière autonome, bien que toujours sous la supervision attentive du conducteur. Un défi particulier réside dans la gestion des "zones grises" comme les feux qui passent à l'orange pendant l'approche du véhicule, où des décisions complexes doivent être prises en tenant compte de multiples facteurs (distance d'arrêt, véhicules suiveurs, conditions d'adhérence).
Cadre juridique et réglementaire de l'autopilot en france
L'intégration des systèmes d'aide à la conduite avancés comme l'Autopilot de Tesla dans le paysage automobile français s'inscrit dans un cadre juridique en constante évolution. La France, comme l'ensemble des pays européens, doit concilier innovation technologique et protection des usagers de la route, tout en s'inscrivant dans les directives européennes qui harmonisent progressivement les réglementations nationales. Cette adaptation du droit aux nouvelles réalités technologiques soulève des questions fondamentales sur la responsabilité, l'homologation et l'usage de ces systèmes semi-autonomes.
Législation française sur les systèmes de conduite autonome de niveau 2+
En France, les systèmes comme l'Autopilot de Tesla sont classés au niveau 2 sur l'échelle SAE (Society of Automotive Engineers) d'autonomie des véhicules, qui comprend 6 niveaux allant de 0 (aucune automatisation) à 5 (autonomie complète). Le niveau 2, également appelé "automatisation partielle", permet au véhicule de gérer simultanément la direction et l'accélération/décélération dans certaines circonstances, tout en exigeant que le conducteur reste pleinement engagé et surveille constamment l'environnement. La loi française, en conformité avec la réglementation européenne, autorise l'utilisation de ces systèmes de niveau 2 sur les routes publiques, mais dans un cadre strictement défini.
La loi d'orientation des mobilités (LOM) adoptée en décembre 2019 a constitué une avancée significative en établissant un cadre pour l'expérimentation et le déploiement progressif des véhicules autonomes en France. Ce texte prévoit notamment la possibilité de déployer des véhicules à délégation de conduite sur routes publiques, tout en définissant les conditions d'homologation et les exigences de sécurité associées. Plus récemment, le décret n° 2021-873 du 29 juin 2021 a précisé les conditions dans lesquelles certains systèmes de niveau 3 (automatisation conditionnelle) pourront être autorisés sur des sections d'autoroutes spécifiques, à des vitesses ne dépassant pas 60 km/h.
Pour les systèmes de niveau 2 comme l'Autopilot, la législation française impose plusieurs restrictions opérationnelles. Par exemple, ces systèmes ne peuvent fonctionner que sur des routes à chaussées séparées (principalement les autoroutes et certaines voies rapides), et le conducteur doit maintenir ses mains sur le volant et son attention sur la route à tout moment. Des limitations techniques sont également imposées, comme l'obligation pour le système de vérifier l'attention du conducteur (via des capteurs de couple sur le volant ou des systèmes de surveillance du regard) et de se désactiver si cette attention n'est pas confirmée après plusieurs avertissements. Ces contraintes reflètent une approche prudente qui privilégie la sécurité tout en permettant l'innovation.
Responsabilité du conducteur vs responsabilité du constructeur
La question de la responsabilité en cas d'accident impliquant un véhicule équipé d'un système d'aide à la conduite avancé comme l'Autopilot constitue l'un des enjeux juridiques majeurs. En France, le principe fondamental reste que le conducteur, même assisté par la technologie, demeure juridiquement responsable de la conduite de son véhicule. L'article R412-6 du Code de la route stipule explicitement que "tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent". Cette obligation n'est pas levée par la présence de systèmes d'assistance, aussi sophistiqués soient-ils.
Toutefois, le cadre juridique évolue progressivement pour tenir compte des spécificités des nouvelles technologies. La loi Badinter de 1985 sur l'indemnisation des victimes d'accidents de la circulation pourrait voir son interprétation adaptée aux cas impliquant des véhicules semi-autonomes. Par ailleurs, la directive européenne sur la responsabilité du fait des produits défectueux, transposée en droit français, permet d'engager la responsabilité du constructeur si un défaut de conception ou de fabrication du système d'assistance est prouvé. Cette responsabilité pourrait être invoquée si, par exemple, le système Autopilot ne détectait pas un obstacle qu'il aurait normalement dû identifier selon ses spécifications techniques.
Cette dualité de responsabilités crée une zone grise juridique qui se précisera probablement à mesure que la jurisprudence se constituera. En attendant, les constructeurs comme Tesla doivent être particulièrement vigilants dans leur communication sur les capacités réelles de leurs systèmes. Le terme "Autopilot" a d'ailleurs fait l'objet de critiques en Europe, certains régulateurs estimant qu'il pourrait induire les conducteurs en erreur sur le niveau d'autonomie réel du véhicule. Cette tension entre innovation marketing et clarté des informations fournies aux utilisateurs illustre les défis que pose l'intégration de ces nouvelles technologies dans le cadre juridique existant.